Le combat de reines Tradition alpine dans la vallée de Chamonix

Prédispositions physiques ? Patrimoine génétique ? Les vaches noires de la race d’Hérens sont volontiers belliqueuses et c’est dans le combat et le face à face qu’elles s’expriment le mieux, utilisant alors leur masse musculaire  et leur science innée pour la lutte cornes à cornes. Des rixes amicales qui opposent uniquement les animaux femelles.
« Elever des Noires » est une fierté pour les paysans alpins qui en possèdent ; chaque automne, ils se donnent rendez-vous pour les traditionnels « Combats de Reines », des joutes en noir, spectaculaires et populaires !

Comme leur nom l’indique, les Noires de la race d’Hérens sont originaires du Val d’Hérens, dans la Valais suisse. Quelques centaines sont élevées dans les Alpes françaises, près de deux  cents dans la seule vallée de Chamonix. Montagnardes rustiques et costaudes, elles sont à la fois productrices d’un lait de qualité et d’une viande remarquable. Leur robe monochrome peut être rouge foncé ou châtain, mais le plus souvent d’un noir d’ébène, d’où leur appellation la plus populaire de « Noires ».
Dans ces combats amicaux où elles s’affrontent, pas de jugement humain pour départager les combattantes, l’animal qui se sent le plus faible décide spontanément d’abandonner le combat. A l’origine distraction ludique, ces « Combats de Reines » sont devenus au fil des ans un rituel important et apprécié. Dans la vallée de Chamonix, c’est à l’automne, juste après la « démontagnée », que sont organisées ces joutes qui réunissent tous les éleveurs de la vallée et rassemblent plus d’une centaine d’animaux répartis en 6 catégories constituées selon l’âge et le poids (jusqu’à 800 kg !). Chaque catégorie a sa Reine et un combat final détermine qui sera la « Reine des Reines ».
Pour un éleveur, avoir une Reine dans son troupeau est à la fois une récompense, une fierté et un honneur. Et que dire si « sa » Noire décroche le titre envié de « Reine des Reines » !

© Outback Images : Photos Sylvie Chappaz - Texte  Gilles CHAPPAZ et Jean-Claude CHANTELAT