AuTchad, la saison sèche coïncide avec la « pêche-chasse » au protoptère. Ce poisson, à respiration pulmonaire, s’envase dès le retrait de l’eau des plaines marécageuses. Les pêcheurs sondent le sol avec des pics pour détecter les nids des poissons. Ils en extraient les protoptères à l’aide d’unetige métallique.
Dans laProvince du Salamat, dans le sud-est du Tchad, le débordement des rivières en saison des pluies conduit à des inondations annuelles qui couvrent des milliers de kilomètres carrés Le retrait de l’eau au cours de la saison sèche oblige le protoptère (Protopterus annectens annectens), un poisson à respiration pulmonaire qui peut peser trois kilogrammes, à s’envaser pour survivre pendant cette période défavorable. Installé en position verticale dans un nid qu’il creuse dans la vase, il secrète un mucus qui forme un cocon protecteur, mais dont la partie supérieure forme un couvercle qui permet le contact avec l’extérieur, pour assurer sa respiration. Ainsi installé ce poisson peut survivre pendant plusieurs mois sans contact avec l’eau. A cette époque de l’année, les pêcheurs parcourent les vastes plaines asséchées, tels des pisteurs, à la recherche des protoptères. A l’aide d’un pic métallique, ils sondent alors le sol, fissuré et moins résistant à l’emplacement des chambres creusées par les poissons. Dès qu’un nid est localisé, le pêcheur décape la couche superficielle de sol avec une houe pour dégager le cocon. Il le déchire ensuite, dégageant ainsi la tête du protoptère, et glisse une tige de fer recourbée en hameçon dans sa gueule ou sous sa mâchoire inférieure afin de l’extirper du trou.
Texte et photos: Pierre Poilecot pour Outback Images