Home / Reportages / Jardins de France / Le jardinier de la garrigue ou la renaissance des oliviers. 55Jardins de France…Le Jardinier de la garrigue… ou la renaissance des oliviers, Gard
Avec son tronc cannelé, torturé et vissé par les ans, et ses branches noueuses comme les pieds de vigne que le patriarche sans âge dominait hier encore dans la garrigue, l’olivier règne aujourd’hui sur un nouveau royaume. Près de lui, un arbousier, parfait exemple d’équilibre dans son port, affiche allègrement 120 à 150 ans, plus loin un filaire, proche parent de l’olivier et aux fruits tant appréciés par les grives, ne fait pas ses 300 ans ; ici un chêne vert de 60/80 ans, omniprésent dans la nature méditerranéenne où il veille sur la truffe sauvage, là un pin d’Alep aux lointaines origines syriennes… Et là-bas, un genévrier oxycèdre, vieux de plus de 500 ans, semble rêver à la célébrité de son cousin, le cade d’Euzet, plusieurs fois centenaire. Par quel sortilège ces fantassins de garrigues, soldats oubliés dans les broussailles, sont-ils devenus, comme par un coup de baguette magique, princes d’espaces verts aux pelouses verdoyantes et aux massifs fleuris jusqu’alors non arborés. La réponse : Jean-Marc Esbérard, notre jardinier de la garrigue. Jean-Marc Esbérard est un enfant de la garrigue, né près du Gardon, cette magnifique rivière assassinée par des irresponsables qui, pour quelques graviers de plus, ont défoncé son lit, l’obligeant à couler sous terre dès la belle saison venue et ne réapparaissant que dans les gorges, entre Russan et Collias, au-dessus de Nîmes. Des hectares de garrigues couvrent ses rives, ici originelles, là débroussaillées et cultivées par l’homme. Ce fut le domaine de l’olivier, l’arbre qui apporta au pays gardois richesse et source de subsistance. Làs, la vigne l’a supplanté et l’olivier a laissé peu à peu la place au cep. C’est de là qu’est venue l’idée à notre jardinier de redonner vie à ces arbres splendides et chargés d’histoire et de leur rendre une place d’honneur. Très vite, l’idée a séduit, les particuliers comme les organismes publics (du département à l’Europe), et les marchés se sont ouverts : espaces verts publics ou privés, parkings de supermarchés, Espace Pont du Gard, créations d’Olivettes, Espaces Musées… Les travaux d’arrachage et de transport des arbres s’inspirent d’une très ancienne technique italienne datant du Moyen Age et utilisée déjà par les Rois de France. Elle consiste à mettre en bacs le racinaire de l’arbre et de le transporter ainsi vers sa nouvelle demeure. C’est cette technique que nous vous invitons à découvrir, étape par étape, qui concerne certes les oliviers, mais aussi chênes verts, mûriers, arbousiers, pins divers, cyprès, genévriers, buis, ifs, platanes, tilleuls… Alors, si vous rêvez d’avoir sur votre pelouse ou dans votre jardin un arbre centenaire, sans dépendre de sa croissance… !
Reportage Outback Images – Texte et photos Jean-Claude Chantelat ![]()
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