De l'argile brute au vase vernissé...
LA POTERIE BOISSET A ANDUZE, GARD
Au commencement, il y a la terre. Mais pas n’importe quelle terre… Celle de Labahou, extraite de la petite carrière familiale derrière les ateliers. Encore extraite à la main dans les années 70, aujourd’hui c’est mécaniquement que l’on creuse pour tirer, des strates les plus pures, LA matière précieuse. Sous deux mètres de terre végétale se trouve la bonne argile. L’extraction se pratique une fois par an, à la saison la plus chaude, donc la plus sèche, fin juillet en principe. Le calibrage, dans la production céramique, fit son apparition au XIXème siècle. Le principe consiste en un moule en rotation déterminant le galbe extérieur de la pièce à réaliser, et d’un calibre, fixe ou en mouvement, créant le profil intérieur. C’est une action technique qui s’inspire du tournage manuel dont l’intérêt premier est l’utilisation d’une pâte molle. Cela permet de gérer l’hygrométrie des pièces ainsi fabriquées et faciliter de ce fait le garnissage des décors souhaités. Le tournage : pendant que la Terre tourne, le potier, sur son manège, tourne la terre ...Il effleure, il caresse la peau de terre humide. Il ne contraint jamais, mais toujours il invite par des gestes précis la matière en devenir. La forme est aboutie, il lui faut un décor. Méticuleusement, il attrape la guirlande, la nappe de barbotine et la marie au vase. De même pour l’écusson, l’accord doit être parfait. Un petit colombin scellera cette union. L'engobage, comme une page blanche, veut qu'on la noircisse ...De sa blancheur luisante, l’engobe va recouvrir la terre crue. Il dissimulera le rouge que le fer engendre lors de la cuisson. Le vase alors blanchi, donnera aux couleurs dont il sera embelli, un aspect éclatant. Chez Boisset, le vernissage est codifié depuis toujours. Cela commence par le jaspage, projection à la main d’oxyde de cuivre sur l’écusson qui deviendra vert et d’oxyde de manganèse sur la guirlande qui virera au brun. Le vase est ensuite recouvert de sulfure de plomb (alquifoux), appelé couramment vernis. Il faut imaginer que ces vases gris bleus se transformeront en objets éclatants de couleurs après les caresses du feu. De la terre pétrie, façonnée, engobée puis vernie, il ne reste aux pots qu’une ultime étape : l’épreuve du feu. Pour cela, le chargement des wagons est un savant empilage minutieux et précis. Deux wagons supportant la fournée vont délicatement regagner le four. 24 heures de cuisson sont nécessaires pour flirter avec les 1000°C indispensables à la transformation de la matière. Le cycle terminé, le four, durant deux jours environ, va refroidir à son gré. L’impatience gagne devant la porte encore close… La métamorphose sera-t-elle à la hauteur des espérances ? Les années écoulées ne diminuent pas l’excitation d’une ouverture de four… Chaque cuisson est unique et magique.
(Documentation Internet)
Reportage Outback Images – Photos Thierry Vezon