En vallée de Barétous, aux confins du Béarn et du Pays Basque, transhumance et pastoralisme sont pratiqués depuis des temps immémoriaux, dans toutes les vallées pyrénéennes comme dans tous les massifs montagneux du monde. Quand l’homme a réussi à apprivoiser des animaux et devenir éleveur, il a appris à s’adapter pour nourrir son cheptel de son mieux. C’est ainsi qu’à la belle saison les bergers conduisent leurs troupeaux de brebis séjourner sur les pâturages d’altitude où la neige a fait place à une herbe fine, abondante… et gratuite.
Pendant des siècles, ces bergers ont vécu comme des ermites, logés dans des cabanes précaires et rustiques, l’argent du fromage goûteux et parfumé fabriqué là-haut venant améliorer le revenu de la ferme dans la vallée où l’on mettait à profit l’absence du bétail pour récolter du fourrage en prévision de l’hiver.
Les hommes consacrant leur vie à leur métier et au bien-être de leurs bêtes méritaient que leur dévouement soit reconnu, en même temps qu’on leur proposerait une occasion de se rencontrer, d’échanger et de partager après la longue période d’isolement passée en estive.
Les jeunes conscrits d’Aramits, chef-lieu du Barétous, qui ont imaginé au début des années 70 de créer une fête pour marquer et mettre en valeur le remarquable travail de tous ces pasteurs du pays, ne pensaient certainement pas que, plus de trente ans après, ils seraient aussi enthousiastes et motivés pour animer chaque année cette Fête des Bergers à la mi-septembre. Organisée au départ sur le seul dimanche, elle se déroule maintenant sur quatre jours en deuxième partie de semaine.
Le jeudi, le troupeau est ramené de la montagne à la ferme. Il redescend à pied, conduit par les bergers et leurs chiens, suivant encore les chemins traditionnels depuis toujours utilisés. Moment authentique, partagé par tous les « suiveurs » leur emboîtant le pas au rythme cadencé de la musique des sonnailles. La découverte de l’histoire et des activités locales occupe le vendredi : nous sommes au pays des Mousquetaires, des mégalithes qui témoignent d’un pastoralisme très ancien, de belles forêts qui furent exploitées pour la mâture de la marine à voile…
Samedi et dimanche, la fête se recentre sur la vie agricole et pastorale traditionnelle : défilé des troupeaux dans le village, comice des fromages fabriqués en montagne, concours de chants pyrénéens, présentation du matériel agricole ancien, messe en plein air…
Le clou en sera, le dimanche après-midi, la finale d’un concours de travail de chiens de berger conduisant les brebis dans des épreuves d’amenée, de recherche, de passages précis à emprunter…
C’est un réel bonheur de voir la relation de confiance et de compréhension entre l’homme et son fidèle compagnon. L’animal, attentif et frémissant, sait qu’il va être sollicité; il guette le moment où d’un mot, d’un geste ou d’un coup de sifflet, son maître lui demandera de rassembler ou diriger le troupeau…
Puis c’est le moment privilégié que d’assister au retour du fidèle et précieux compagnon auprès de son maître, mission accomplie. Il sait qu’il a fait et bien fait. La caresse de remerciement ébauchée, le regard échangé disent tout de leur complicité, la profondeur du lien établi, la qualité de la relation. A voir.