Fête du Pô buli, le pain bouilli de Villar d'Arène
Depuis plus de 5 siècles, le troisième week-end de novembre est dédié au pain bouilli , Pô buli en patois Si les Faranchins mangent aujourd’hui du pain blanc, pains et baguettes croustillantes, il n’en a pas toujours été de même pour ces habitants de Villar d’Arène, petit village des Hautes-Alpes situé sous le col du Lautaret. Et ils restent très attachés au pain bouilli, un pain millénaire qu’ils continuent de pétrir et cuire une fois l’an au cœur de leur village, dans le four communal. Le goût du po buli, ce pain noir cuit au four avant l’hiver que l’on découpait à la scie et que l’on faisait ramollir dans la soupe, c’est le goût d’un pays de montagnes hautes, aux hivers longs et rudes, où le combustible s’est toujours fait rare. Alors les habitants de la vallée ont appris à économiser le bois ; pour se chauffer, ils utilisaient le fumier de brebis séché et découpé en briquettes empilées devant les maisons, les blaytes. Une fois l’an seulement, ils allumaient le four du village et les familles se succédaient pour faire cuire leur pain, obéissant à des règles et des rites chorégraphiés avec rigueur et méthode. Aujourd’hui, Villar d’Arène fait revivre cette tradition. En novembre, alors que le soleil se fait de plus en plus discret dans les rues du village blotti à l’ombre du Bec de l’Homme, avant les grands froids de l’hiver et souvent pour la première neige, c’est toute une communauté qui se retrouve, avec le cœur et dans la sueur du four, pour refaire les gestes de ceux qui les ont précédés ; avec le fourneron, celui que l’on engageait autrefois pour cuire le pain, les femmes chargées de préparer tourtes, ravioles, girades et autres pognes, les hommes qui continuent de faire ensemble la corvée de bois. Un moment de retrouvailles joyeuses pour les exilés de retour au pays et les familles restées accrochées à leurs montagnes; et aussi le moment de faire gougette, faire flamber un morceau de pain dans la gnôle avant de festoyer. Parce que le pain, à Villar d’Arène, c’est aussi le goût des autres. Encadrés possibles : Les rites du village liés au pain noir, comme le vol organisé de ce pain remis secrètement à une jeune fille du village, La culture du seigle en montagne, Recettes faranchines (tourtes aux choux, girades…), Objets, recette, secrets du pain bouilli
Reportage Outback Images : Texte Laetitia Cuvelier, photos Bertrand Bodin