Un pêcheur de haute voltige, le balbuzard!
Sa virtuosité et sa puissance font du balbuzard un redoutable pêcheur. Posté sur quelque arbre mort, sentinelle oubliée au bord du marais, ou volant calmement, lentement, méthodiquement, ou encore faisant du surplace au-dessus de l’eau, ses grandes ailes déployées battant nonchalamment l’air de temps à autre, il attend patiemment que des poissons s’approchent de la surface. Il fond alors sur sa proie, pattes prêtes pour l’enserrer et la cueillir à fleur d’eau. Tout chez le balbuzard pêcheur, et notamment ses pattes, dénonce la spécialisation alimentaire de cet oiseau de proie : ses jambes exceptionnellement démunies des culottes habituelles aux rapaces, ses tarses nus, ses doigts courts et puissants recouverts d’écailles rugueuses, son doigt externe mobile pouvant aider le doigt postérieur à maintenir plus fermement la proie, de même que ses griffes longues, munies de petites aspérités et exceptionnellement recourbées. Il capture habituellement des poissons de taille moyenne (pouvant quand même aller jusqu’à 3 kg), fondant sur eux, ailes repliées, n’hésitant pas le cas échéant à plonger dans l’onde, tête en avant. Les petites proies, goujon, gardon, rotengle… sont saisies d’une seule patte ; les prises de proies plus grosses nécessitent les deux serres. L’aigle pêcheur, alourdi, plumage dégoulinant, s’élève alors hors de l’eau à la force des ailes et gagne un perchoir proche où il pourra se repaître de son butin (que lui disputent souvent corbeaux ou goélands du voisinage !). À moins qu’il ne la rapporte à son aire pour nourrir sa progéniture. L’espèce est l’hôte des bordures des plans d’eau douce ou de mer. Chez nous, on en compte une soixantaine de couples reproducteurs répartis à effectifs égaux entre la Corse et le continent, régions Centre, Île-de-France depuis peu et Lorraine où un couple s’est reproduit en 2009 après plusieurs décennies d’absence.
Reportage Outback Images - Texte Rozen Morvan, photos Aurélien Audevard, Pierre Petit,Thierry Vezon