YVES PELLEQUER
Le forgeron coutelier de La Vialasse, en Lozère
Au terme d’une vie d’aventure, du Saint-Laurent au Canada à La Vialasse, en Lozère, Yves Pellequer, l’Héphaïstos lozérien, le forgeron a acquis, 36 ans durant, en autodidacte, la maîtrise du feu pour façonner des couteaux d’exception. C’’est au secret de la maison familiale, une minuscule remise de 20 m2, dans les Cévennes, que l’homme a trouvé sa voie. Seul, en plein hiver, au sommet d’un causse balayé par les vents offrant une vue à 360 degrés, seulement heurtée par d’imposants blocs de granit, l’homme s’installe « en plein hiver. De son périple canadien, le souvenir de la découverte d’une coutellerie artisanale taraude toujours l’enfant prodigue. Loin du monde, le futur forgeron planche sur des revues professionnelles et se forme en autodidacte avec une rigueur monacale. « Toutes mes journées sont calées à l’identique », précise-t-il. « En matinée, je m’occupe des bêtes ; ensuite je déjeune, je fais une sieste et tous les jours de l’année, de 14 h 30 à 17 h 30 environ, je forge ». Remettre l’ouvrage sur le métier et essuyer les plâtres, sa soumission au feu est totale. Et année après année, sans se presser au cœur de sa forge alimentée au charbon, expérience après expérience, Yves Pellequer progresse. « C’est en 1992 que j’ai forgé ma première lame Damas, (une lame en feuilletage d’acier doux et dur, NDLR) et je me suis dit que, là, je pouvais montrer quelque chose. ». Montrer et partager devient une évidence pour l’autodidacte devenu maître de forge affectionnant « des couteaux droits, à prix abordables et qui servent ». Des lames Damas à 320 feuilles, des couteaux à manche tressé de trois brins d’acier ou formé d’un authentique nœud simple, des Bowie, du nom du commandant américain mort en défendant Fort Alamo, ou des Kukris d’origine népalaise, le talent de l’homme explose. Une maîtrise qu’il partage en formant des élèves devenus couteliers professionnels. En maîtrisant le feu, l’homme a forgé son destin de fils prodigue à fils prodige.
(Documentation Stéphane Barbier – Midi Libre)
Reportage Outback Images – Photos Bruno Calendini