LE PRUNEAU D’AGEN
L’or noir d’Aquitaine
Le pruneau d’Agen… un travail de longue haleine est nécessaire pour faire de la prune d’Ente ce fruit séché, apprécié pour sa pulpe fine, souple et savoureuse, produit principalement dans le Lot-et-Garonne, et qui fait partie du patrimoine agricole du Sud-Ouest depuis l’Antiquité. A l’époque de la Gaule romaine, on cultivait la prune d’Ente dans la Narbonnaise, province qui s’étendait jusqu’aux portes de l’Agenais. Les Romains avaient planté plusieurs variétés de prunes, dont la prune Saint-Antonin, dite aussi prune Maurine, petite prune bleue, sans doute la plus ancienne et la plus répandue, qui produisait un pruneau très noir et de petit calibre. L’hiver 1709, le froid détruisit une partie des pruniers. C’est à la suite de ce gel que le prunier d’Ente remplaça le prunier de St-Antonin. D’Agen, les pruneaux étaient expédiés, par gabare ou courreau, depuis les quais de la Garonne, vers Bordeaux, puis vers le nord de l’Europe. La France consacre à la culture de la prune d’Ente environ 14 000 ha et produit 50 000 tonnes de pruneaux par an. Le Lot-et-Garonne représente 65% des zones de production françaises. Les pruniers sont taillés en hiver pour les façonner et les éclaircir afin que les fruits bénéficient du maximum de soleil à la belle saison. La récolte se fait traditionnellement de mi-août à mi-septembre, par ramassage mécanique, plus rapide et productif, ou cueillette manuelle. Une personne cueille entre 80 et 120 kg/heure ; chaque arbre peut produire jusqu’à 100 kg de fruits. Transportées sur l’exploitation, les prunes sont lavées, triées puis calibrées par taille ; elles sont ensuite étendues sur des claies pour le séchage (enclayage) ; puis ces claies sont empilées sur des chariots. Après séchage, ces chariots sont placés pendant 20 à 24 heures dans des fours chauffés entre 70 et 80°C. A l’issue de ce sauna, la prune d’Ente est devenue pruneau d’Agen. Une ultime opération a lieu pour écarter les fruits fendus, blessés ou tachés, ainsi que les fruits mal séchés. En attendant d’être commercialisés, les pruneaux sont stockés sur des caisses-palettes en bois (les palox) placées dans des locaux appropriés, de préférence à l’abri de la lumière, à hygrométrie et température constante. Les vertus du pruneau d’Agen sont très nombreuses, notamment rééquilibrantes et reconstituantes, car il est riche en sucre et en fibres. Côté cuisine, il entre dans les pâtisseries, glaces, tartes, puddings, chaussons, salade de fruits et entremets, dans les confiseries pour fourrer, en garniture pour le lapin, le porc, gibier, la volaille.
Reportage Outback Images : Texte et photos Emilie Dubrul